L’évolution extrêmement rapide des technologies disponibles transforme nos façons de penser, de créer, de communiquer, d’apprendre et de travailler. Dans le cadre du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur (PAN) initié par le Ministère, le Cégep de Granby est amené à se repositionner sur le sujet. Une démarche de recensement, d’identification des besoins et de formation est mise en oeuvre afin de simplifier l’adaptation aux outils numériques utilisés à des fins pédagogiques, de mettre en valeur des approches pédagogiques innovantes et de sensibiliser les utilisateurs aux enjeux émergents.

Qu’est-ce que le PAN?

« Le Plan d’action numérique est un plan de travail dont s’est doté le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour faire contribuer le secteur de l’éducation à la transition numérique de la société québécoise. C’est en somme un grand chantier de mise à jour, qui vise tranquillement à amorcer un virage et à intégrer dans le quotidien des gens, beaucoup des technologies et des approches en lien avec la 4e révolution industrielle. [N.D.R. l’Industrie 4.0 se caractérise fondamentalement par une automatisation intelligente et par une intégration de nouvelles technologies à la chaîne de valeur de l’entreprise]. » – Alexis Lacombe, enseignant et conseiller pédagogique (AL)

Qu’est-ce qu’on entend par numérique?

En plus de l’équipement technologique, l’appellation numérique fait référence à divers éléments : l’infonuagique, le travail collaboratif, les outils d’autoformation, les laboratoires créatifs, les classes d’apprentissage actif (CLAAC), etc.

Avec l’omniprésence des médias sociaux, le numérique s’accompagne d’une dimension liée à l’éthique, le droit à l’image et la protection de la vie privée. La sécurité informatique est également au cœur des préoccupations du numérique, un concept qui va au-delà de la flotte d’appareils.

Alexis Lacombe applique le trilemme de l’enseignement, soit l’intégration des savoirs, des savoir-faire (dans l’action) et des savoir-être (des attitudes), pour illustrer quelques exemples de l’influence du numérique dans le monde de l’éducation.

« Parmi les savoirs, il y a les réalités auxquelles nous devons faire face, comme l’émergence des médias sociaux par exemple. On voit de grosses compagnies, Facebook, Google, etc. qui ont une main mise très extensive sur les comportements en ligne [algorithmes de recherche, collectes d’informations]. Cela pose des questionnements, entre autres sur la protection de la vie privée.

Puis, il y a les savoir-faire. La technologie nous permet aujourd’hui de collaborer d’une manière qui est profondément différente de celle à laquelle on était habitué. On n’est plus à l’époque où on envoie un document par courriel en disant : fournis-moi tes commentaires et renvoie-moi le document. Aujourd’hui, avec l’infonuagique, on peut partager un document et collaborer en temps réel. Cela ouvre tout un champ de possibilités au niveau de la diffusion.

Finalement au niveau des savoir-être, le numérique a causé une évolution au sein des rapports entre les individus. On le voit notamment au sein des milieux de travail, où la relation hiérarchique a beaucoup changé. La distance s’est amenuisée, on accède aujourd’hui beaucoup plus facilement aux dirigeants pour leur parler, qu’il s’agisse de dirigeants politiques ou au travail. Les barrières entre les individus changent, donc il faut forcément revoir notre manière de collaborer, de travailler, mais forcément aussi d’enseigner et de transmettre les savoirs.

Ce n’est pas simple, car il y a tout un travail de vulgarisation. Souvent on a l’impression que le numérique c’est de la technologie, mais c’est vraiment plus vaste que cela. Cela nous amène vraiment à réfléchir autant sur la façon qu’on a de transmettre les savoirs, les outils qu’on utilise, le contenu même de ce dont on parle. Il y a plusieurs facettes, c’est un concept [le numérique] à géométrie variable. » – AL

Pourquoi une intégration du numérique en milieu scolaire?

… pour optimiser les communications et la pédagogie
… pour augmenter la réussite éducative et développer le plein potentiel de chacun
… pour permettre aux étudiants de participer de façon active à la société des savoirs
… pour obtenir une meilleure adéquation du milieu de formation au milieu de travail

« Le PAN permet d’amorcer une transition, un virage pour permettre d’amener la société québécoise ailleurs. […] C’est de voir comment la transition numérique à l’extérieur a un impact sur le monde, et adapter la formation qu’on donne à nos étudiants, pour qu’ils soient capables en retour de s’adapter à ces nouvelles réalités. » – AL

Où en est la démarche au Cégep de Granby?

Une bonne intégration du numérique débute par une réflexion sur deux dimensions importantes; établir comment on souhaite que la salle de classe évolue et définir comment parvenir à l’objectif voulu. Le Cégep s’est doté d’un comité exploratoire, composé de conseillers pédagogiques et d’enseignants de différents secteurs, qui se penche actuellement sur les besoins, et tente d’identifier ce qu’il est possible d’implanter à court et moyen termes.

« Cette session-ci, ce qu’on a commencé par faire c’est différents constats sur l’état de l’institution à l’heure actuelle. Ce qui s’en dégage, c’est qu’il y a un très grand degré d’hétérogénéité. Certains de nos personnels ont pleinement intégré une panoplie d’outils et utilisent le plein potentiel des applications, alors que d’autres hésitent encore à se lancer, faute d’accompagnement.

Nous avons une offre de formation qui a été déployée il y a deux semaines. Notre but c’est d’utiliser ces formations comme un levier pour tranquillement partir le bal, familiariser les gens avec où on s’en va et permettre une mise à niveau afin que tout le monde soit capable d’utiliser ce qui est déjà mis à leur disposition.

À travers cette mise à niveau, le but cherché est de dégager les enjeux, les obstacles et les facteurs de réussite du processus. On n’est pas dans l’optique de dire : voici l’outil qui va être intégré, mais beaucoup plus de voir comment se structurer pour permettre une amélioration continue.

Le Plan d’action numérique c’est un processus différent, ce n’est pas le nouveau cycle d’intégration de la technologie en salle de classe. Pour être capable d’avoir une vision structurante, nous avons besoin d’avoir une concertation large et de susciter un engagement le plus généralisé possible, et c’est ce à quoi le comité travaille. » – AL