La pédagogie en milieu naturel au Cégep de Granby 23 avril 2021
Annie Dutil et Frédéric Tessier, enseignants en Techniques d’éducation spécialisée, vont recevoir une subvention du Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage (PAREA) du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Ils bénéficieront de la Mesure de soutien à la relève en recherche collégial, ce qui leur donnera du temps précieux pour approfondir leur projet de recherche cet automne. Ils seront d’ailleurs appuyés par Chantale Tremblay, professeure de psychologie et chercheuse PAREA, qui agira à titre de mentore.
Les chercheurs-praticiens s’intéressent à la pédagogie par l’action avec leur projet qui s’intitule Expérimentation de la pédagogie expérientielle en milieu naturel au collégial. Si un étudiant apprend en classe à l’aide d’une approche traditionnelle, force est de constater qu’il apprend aussi par le biais de l’action. Grâce à la pédagogie expérientielle, l’enseignant crée un environnement propice à l’apprentissage pour amener les jeunes à questionner ce qu’ils ont vécu.
Comme l’explique Annie Dutil, « avec la pédagogie expérientielle, l’enseignant met en place une situation pendant laquelle les étudiants se mettent en action. Par la suite, l’enseignant leur fait prendre connaissance des apprentissages réalisés et les aide à les relier à des concepts théoriques. »
Sortir des classes
L’anxiété est un enjeu important quant à la persévérance et la réussite des jeunes au collégial. Mais, comment répondre aux besoins des apprenants en soutenant l’engagement, la motivation et l’augmentation des compétences, tout en baissant leur niveau de stress ? C’est ce que la recherche d’Annie Dutil et Frédéric Tessier verra à explorer.
« Avec l’augmentation du temps passé devant les écrans de toutes sortes, il est plus important que jamais d’amener les étudiants dehors pour apprendre dans un contexte naturel. Dans notre pratique, nous avons vu que les bénéfices de la nature sont nombreux : augmentation de la créativité et de la concentration, réduction du stress et diminution des symptômes du déficit d’attention », précise Frédéric Tessier.
La recherche des enseignants en éducation spécialisée du Cégep de Granby est tout à fait d’actualité. Avec les changements amenés aux façons d’enseigner par le contexte de pandémie, il est plus important que jamais d’examiner les avantages et les inconvénients de différentes approches pédagogiques. Si des recherches ont montré l’impact positif de la pédagogie expérientielle par la nature sur les apprentissages de jeunes du primaire et du secondaire, ses effets sur la réussite au collégial restent à explorer.
Enseigner dehors au Cégep de Granby
Au Cégep de Granby, un comité œuvre déjà pour identifier et aménager des sites pour faciliter l’enseignement dehors et permettre à des enseignants de faire vivre à leurs groupes des expériences concrètes, rattachées aux compétences de leurs cours. Le projet suscite d’ailleurs l’adhésion d’enseignants des différents départements, ainsi que des ressources matérielles et financières.
« Ce vaste projet d’enseignement dans la nature, appuyé par la présente recherche, donnera une couleur intéressante aux diplômés en éducation spécialisée du Cégep de Granby. L’initiative pourrait même contribuer à la persévérance et la réussite des études collégiales », souligne Samia Plante, directrice adjointe aux programmes et aux ressources à l’enseignement.
La pédagogie dans la nature n’est pas une nouveauté. Le mouvement Outward Bound, né en 1941 au Royaume-Uni et mondialisé depuis, a donné naissance à des écoles où l’on donne un défi à relever en milieu naturel à de petits groupes d’étudiants. Le mouvement Forest Schools, né en Scandinavie, propose, lui aussi, un apprentissage expérientiel en dehors des salles de classe.
Des recherches ont constaté que la santé mentale et physique des jeunes s’est détériorée au cours des dernières années : augmentation des cas de myopie, surpoids, TDAH, dépression, trouble anxieux, diminution des habiletés motrices, etc. Comme pour remettre les pendules à l’heure, au Québec et partout dans le monde, plusieurs écoles primaires et services de garde en nature sont nés.
Outre l’initiative de l’Université de Sherbrooke, qui a profité de la pandémie pour créer des classes extérieures et en faire l’expérimentation, il y a peu de recherches consacrées à l’enseignement en milieu naturel au niveau des études supérieures, même si des enseignants en font depuis bien des années.
Le Programme d’aide à la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage a été créé en 1972 pour soutenir les recherches qui contribuent au développement de l’enseignement et l’avancement des connaissances dans les collèges. L’objectif est d’améliorer la qualité de la formation collégiale.