Anne-Marie Brodeur-Fontaine est enseignante en éducation physique et a choisi de créer un cours d’entraînement dédié aux filles. En plus de proposer des activités physiques variées, le cours est un prétexte pour aborder des sujets d’actualité reliés à l’image corporelle ou au stéréotype féminin dans l’univers médiatique.

Les cours d’éducation physique au collégial sont séparés en trois ensembles :

  1. Ensemble 1 : Activité physique et santé
  2. Ensemble 2 : Activité physique et efficacité
  3. Ensemble 3 : Activité physique et autonomie

L’ensemble 1 est réservé à l’enseignement de base de la santé physique et fait prendre conscience de l’importance des habitudes de vie dans la prévention des problèmes de santé. Les deux autres ensembles présentent un choix entre cinq et six cours, selon les intérêts des étudiantes et étudiants. Le cours Entraînement au féminin est, quant à lui, proposé dans l’ensemble 3, soit le dernier cours d’éducation physique de la formation générale. Ce cours permet de démontrer sa capacité à intégrer l’activité physique à son mode de vie.

Mais devrait-on privilégier des groupes mixtes ou pas? La discussion s’amorce dès les études secondaires. Il semble que de proposer un cours destiné uniquement aux filles apporte des bienfaits positifs.

Mais qu’est-ce que l’entraînement au féminin?

Anne-Marie enseigne le cours depuis quelques années. C’est son bébé. L’idée provient en partie de son expérience personnelle. Trop souvent, elle-même s’est restreinte à pratiquer certaines activités pour ne pas montrer son corps.

Avec le cours, elle souhaitait déboulonner les mythes et les stéréotypes associés à l’entraînement au féminin. « Je veux aider les filles à ne pas vivre avec ça aussi longtemps que moi je l’ai vécu ». C’est pourquoi chaque début de cours commence par une discussion sur des sujets variés :

  • Les réseaux sociaux
  • L’image de la femme
  • La pression qu’on s’inflige en tant que femme
  • Les standards véhiculés par les médias et dans les boutiques de vêtements
  • Les régimes et les modes

Au terme de la discussion, c’est le temps de bouger. Que ce soit du yoga, du Pilates de l’entraînement cardiomusculaire ou en salle de musculation, le groupe fait de tout! Anne-Marie s’efforce d’établir un contexte d’apprentissage où le jugement des autres n’a pas sa place.

Pas de soucis, c’est naturel de se comparer. L’humain est ainsi fait. En revanche, avec le cours, les étudiantes découvrent qu’elles ont toutes un métabolisme et une génétique différents et que l’on ne peut pas se fier entièrement sur l’IMC (indice de masse corporelle) pour savoir si nous sommes en santé. La santé, ce n’est pas seulement une question d’apparence physique, mais c’est aussi comment on se sent dans notre peau. Est-ce que je suis capable de passer au travers de la journée? Est-ce que je m’aime assez pour entrer en relation avec les autres? 

Parfois, il suffit d’un élément déclencheur pour modifier une habitude. Il n’y a rien de magique. C’est l’équilibre qui est gagnant : bouger, varier son alimentation, etc.

Les réactions sont positives!

Le but de ce cours n’est pas de pousser l’étudiante à devenir quelqu’un d’autre, mais bien de devenir une version améliorée d’elle-même. L’important, c’est de donner le meilleur de soi-même. Les personnes inscrites ne constateront peut-être pas un changement physique, mais leur façon de développer de saines habitudes de vie, oui. Les mentalités changent et les horizons s’ouvrent.

« Mon travail est de permettre de découvrir un sport ou une activité que la personne va pratiquer dans le futur. Ce n’est pas le but d’en faire une athlète ». Anne-Marie questionne souvent ses étudiantes : quel serait le petit changement que tu pourrais faire cette semaine? À chaque cours, elle voit la fierté des filles d’avoir réussi quelque chose. Certaines lui ont même dit que c’était la première fois qu’elles avaient aimé un cours d’éducation physique. Qu’elles se sentaient à leur place.

Anne-Marie a à cœur ce cours-là parce qu’elle voit le bien qu’il apporte à plusieurs personnes.

Un centre d’aide en éducation physique?

Le souhait d’Anne-Marie serait de développer un Centre d’aide en éducation physique. Le Cégep est reconnu pour être une organisation « en santé ». Pour avoir une communauté étudiante capable d’apprendre, il faut qu’elle soit apte à apprendre. C’est-à-dire qu’il faut qu’elle ait une bonne alimentation, soit reposée, n’ait pas de dépendance et qu’elle bouge. Le but serait d’instaurer de bonnes pratiques en termes de santé physique et corporelle pour inciter les jeunes, mais aussi le personnel à bouger davantage. De quoi améliorer le plaisir d’étudier et de travailler!