Écologiser la formation c’est plus simple qu’on ne le croit! 17 février 2025

Le concept d’écologisation de la formation peut faire peur. Pourtant, sans le savoir, plusieurs pédagogues le font déjà dans leurs classes. Les cours qui présentent des activités ou des travaux intégrant les enjeux du développement durable en sont des exemples.
Qu’est-ce que l’écologisation au collégial?
En 2021-2022, la Fédération des cégeps s’est dotée d’un plan d’action pour soutenir les établissements collégiaux dans les démarches de développement durable. Ce plan comporte cinq grands piliers, dont l’écologisation des curriculums et de la formation.
L’écologisation de la formation est une démarche visant à appliquer concrètement les objectifs de développement durable (ODD) aux activités des établissements d’enseignement et de formation. Source : Plan d’action pour l’écologisation du réseau des cégeps 2022 | 2024
Il y a 17 objectifs qui concernent divers domaines comme le climat, la biodiversité, l’énergie, l’eau, la pauvreté, l’égalité des genres, la prospérité économique ou encore la paix, l’agriculture, l’éducation, etc.
L’objectif du processus est d’accroître la prise en compte des enjeux relatifs au développement durable lors de la planification du curriculum des formations, le tout en collaboration avec des partenaires, dont le ministère de l’Enseignement supérieur.
« Pour l’instant, ces ajouts ne sont pas une obligation. C’est sur une base volontaire. Cependant, lors de révision de devis ministériel, le MES tend à intégrer des éléments en lien avec le développement durable » – Julie Moore Gagné, conseillère en environnement au Cégep de Granby.
Mise en place
Afin de simplifier cette démarche, une boîte à outils a été mise à la disposition des membres du personnel collégial. Cette boîte a été développée par un sous-comité de la Fédération des cégeps sur lequel siège Julie Moore Gagné.
« On y retrouve un peu de tout : des propositions d’approches pour entamer une démarche individuelle ou départementale, des idées de sujets à aborder dans les différents programmes d’études, des initiatives développées dans des cégeps du réseau, etc. Bref, c’est une mine d’or à explorer ! » – Julie Moore Gagné.
Le premier pas vers l’écologisation est de regarder les actions faites dans son cours ou dans son département avec un regard différent, de mettre des « lunettes » de développement durable. Cette relecture permet, entre autres, de prendre conscience que parfois certains aspects sont déjà intégrés à la formation ou d’identifier ce qui pourrait être fait.
« Après ça, il s’agit de se lancer, tout simplement. Il y a des départements qui vont décider d’en faire une action commune. Dans ce cas-là, ils peuvent décider de faire une intégration plus transversale du développement durable dans la formation.
À titre d’exemple, dans le programme de génie industriel, ils ont identifié quatre thématiques à aborder en lien avec les ODD, puis se sont assurés de les distribuer dans chaque session du programme et ont ciblé des cours où ces notions allaient être abordées.
La même démarche a également été effectuée par Techniques d’éducation à l’enfance (TEE) lors de la révision du programme l’an dernier. Ils faisaient déjà beaucoup d’actions [en lien avec les ODD], donc il s’agissait de les pérenniser par l’intégration dans les plans cadres. Ce n’était donc pas une charge de travail à ajouter, puisque c’était déjà en place » – Julie Moore Gagné.
L’intégration du développement durable peut également prendre la forme d’un cours complémentaire, comme le propose le département de Tourisme avec le cours Écotourisme, aventure et plein air. Ce cours est offert à l’ensemble de la communauté étudiante au Cégep de Granby.
« Ce qui est intéressant, c’est que ça veut dire que n’importe quelle personne étudiante de n’importe quel programme peut s’inscrire à ce cours complémentaire. Ainsi, dans son parcours, il y aura eu un moment où on va l’avoir sensibilisée davantage au principe du développement durable » – Julie Moore Gagné.
Sur le terrain, des exemples concrets
Au fil des sessions, des initiatives pédagogiques variées ont vu le jour au Cégep de Granby. L’automne dernier, l’enseignante Chrystel Barbarie a mis en place un projet sur l’itinérance impliquant les étudiantes et étudiants en Techniques d’éducation spécialisée. Cela rejoint l’objectif de développement durable # 10 : réduire les inégalités entre les pays et en leur sein.
Parfois, les actions mises en place peuvent être très simples à réaliser. En TEE, l’enseignante Christine Simard Rousseau s’est assurée d’avoir des noms de personnes de différentes ethnies dans les exercices et les examens. On touche ici l’aspect social et culturel du développement durable.
Du côté des Soins infirmiers, l’enseignant Steve Robitaille sensibilise quant à lui sur la gestion des matières résiduelles. Dans le cours portant sur l’excellence des soins, il insiste sur l’importance de bien réussir l’acte médical pour le confort du patient, mais aussi pour éviter le gaspillage de matières.
Certains programmes ont choisi d’intégrer une dimension du développement durable à travers certaines évaluations. C’est le cas des programmes de techniques administratives. Lors de la dernière foire commerciale, ils ont intégré des critères pour l’écoconception des kiosques et pour la valorisation des matériaux utilisés à la fin de l’évènement.
La formation générale est elle aussi interpellée par le défi. En philosophie, cela peut être de choisir comme objet d’étude une question éthique en lien avec le développement durable. Par exemple : un village du Grand Nord est menacé d’inondations en raison du réchauffement climatique. Doit-on forcer ou non le départ des résidentes et résidents?
« L’idée est de saupoudrer, en fait, des notions d’environnement et de développement durable dans la formation. Ça peut se faire sous tout plein de formes, comme laisser un étudiant choisir une thématique environnementale pour un travail.
L’écologisation de la formation est essentielle pour outiller les générations futures aux défis environnementaux. En intégrant le développement durable dans l’enseignement, nous favorisons le développement de compétences adaptées au marché du travail de demain. Former dès aujourd’hui des écocitoyennes et des écocitoyens, c’est accélérer la transition vers une société plus durable » – Julie Moore Gagné.