Faire de la sociologie autrement! 18 décembre 2018
Dans le cadre du cours Cultures et sociétés, un cours offert aux étudiants de Sciences humaines cet automne, 10 étudiants motivés et engagés explorent les enjeux reliés à la culture et au parcours migratoire.
Le cours Cultures et sociétés
Ce cours propose de réaliser des apprentissages par l’entremise d’une expérience terrain. Les étudiants sont impliqués dans des classes de francisation ou dans l’organisme SERY qui offre de l’accompagnement aux nouveaux arrivants, de l’aide aux devoirs et plusieurs autres services. L’objectif : créer des contacts entre membres de cultures différentes. Pour les étudiants de Sciences humaines, il s’agit de partir de situations concrètes pour mobiliser des apprentissages. Les activités de jumelage et de bénévolat suivent leur cours toute la session et des cours théoriques servent à recadrer certaines situations et mettre des mots sur les expériences vécues. Cette approche repose sur l’anthropologie, une discipline nouvelle pour plusieurs étudiants. Dès le but de la session, ces derniers reçoivent la visite de Francis Komedza du SERY, lui-même immigrant réfugié du Togo, qui vient avec l’objectif de démystifier le parcours migratoire des immigrants réfugiés. À partir de ce moment, des lumières s’allument dans les yeux des étudiants!
Des échanges humains facilitant l’intégration
La magie opère également dans les relations créées entre les étudiants et les nouveaux arrivants. Au-delà de la gêne initiale, les activités favorisent la transmission culturelle, l’acquisition de la langue et des habitudes locales. Les étudiants devaient faire 7 heures de jumelage dans leur session auprès des nouveaux arrivants. Une majorité en a fait plus que demandé et parfois même le double; un engagement qui porte ses fruits et dont il faut être fier! Il arrive même que des relations d’amitié se tissent et que le cours permette des échanges profondément humains.
Pour les étudiants en francisation, ces activités de jumelage servent à faciliter l’intégration sociale. Elles permettent aussi de pratiquer l’usage de la langue française dans une situation qui sort un tantinet du contexte scolaire et académique, soit à travers un échange amical. Une des difficultés observées dans l’apprentissage du français est souvent l’écart entre le français, disons « académique » et celui utilisé au quotidien par des Québécois. Les activités de jumelage permettent aussi cette transition en plus de favoriser le développement d’un sentiment d’appartenance essentiel dans le processus d’intégration sociale.
Apprendre autrement
Au cours de la session, les étudiants réalisent une entrevue de fond avec un nouvel arrivant au Québec depuis moins de deux ans. Les étudiants choisissent un sujet et doivent faire une analyse dirigée à la suite de la lecture du livre Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo de Dany Laferrière.
Le Rendez-vous des Sciences humaines a lui aussi permis de mobiliser des apprentissages. Le thème central et plusieurs activités ont permis d’explorer et d’approfondir certaines questions abordées en classe, notamment les difficultés d’intégration, les tensions liées à l’intégration et la quête identitaire des nouveaux arrivants.
En toute fin de session, les étudiants mettent leurs efforts en commun dans un travail d’équipe où ils ont à rédiger un petit guide de vulgarisation qu’ils décident d’adresser soit aux nouveaux arrivants, soit aux Québécois qui les accueillent. Ils se positionnent ainsi comme acteur de changement social à travers cet exercice. L’enjeu est ici de sensibiliser à la fois les Québécois dans un engagement dans l’intégration tout en présentant des ressources et des stratégies aux nouveaux arrivants. Au dernier cours de la session, les étudiants ont présenté leur petit guide aux quatre groupes de francisation avec lesquels ils ont réalisé les activités de jumelage. Une belle façon de clore le projet et donner la reconnaissance qu’il se doit à ceux qui nous ont permis d’apprendre autrement!
Les participants parlent de leur expérience
« L’expérience de l’engagement communautaire auprès des étudiants en francisation a été pour moi une des plus enrichissantes de mon cheminement scolaire compte tenu du fait que je souhaite aller en travail social la prochaine année. » – Marianne
« J’ai aimé l’expérience, c’est une belle façon d’apprivoiser d’autres cultures tout en s’amusant avec les nouveaux arrivants. » – Faustin
« Cette expérience m’a appris à comprendre l’autre et à m’y intéresser. J’ai pu rencontrer des gens extraordinaires et incroyablement motivés qui ont finalement beaucoup plus à m’apprendre que j’ai à leur apprendre. Une expérience qui m’a permis de développer mon ouverture d’esprit et de m’impliquer dans ma communauté. » – Jean
« J’ai découvert des personnes extraordinaires avec des bagages culturels uniques, à travers des activités qui m’ont ouvert l’esprit sur les autres cultures. » – Hugo
« L’activité interculturelle à laquelle nous avons eu la chance de participer a su me faire réaliser le potentiel de développement de la société québécoise. Nous croyons souvent que la seule façon de se rendre utile est par le biais d’aide humanitaire dans un pays dont les difficultés nous sont complètement inconnues. Il y a, dans notre pays, des besoins et des individus qui méritent notre attention et auprès desquels nous pouvons avoir un rôle important. L’immigration est une richesse que nous refusons d’accepter, et je ne sais pas pourquoi. » – Gabrielle
« Côtoyer des personnes issues de différentes cultures nous concentre à voir les ressemblances plutôt que les différences. » – Marianne
« Grâce aux heures passées avec la francisation, j’ai compris l’ampleur des épreuves qu’ils ont dû traverser et à quel point les nouveaux arrivants peuvent apporter une richesse au Québec. » – Simon
Valérie Lessard souligne la collaboration des partenaires du projet
« Ce cours est mon bébé! J’ai passé une session incroyable auprès de ces étudiants qui, par leur engagement, ont donné une belle couleur au cours. Le partenariat avec la Formation continue est aussi une réussite. Je ne peux passer sous silence la collaboration de l’équipe de francisation qui rend ce projet possible depuis deux ans. » – Valérie