Quand la coiffure laisse place au Génie industriel! 18 janvier 2022
Gabrielle Proulx-St-Onge n’aurait jamais pu prévoir que la pandémie lui ferait faire un virage professionnel à 360 degrés.
Depuis ses 14 ans, Gabrielle navigue dans le monde de l’esthétique grâce à sa cousine qui possédait un salon de coiffure. C’est au terme de ses études secondaires, qu’elle décide de s’inscrire à un cours pour devenir coiffeuse. Après avoir cumulé deux années d’expérience, elle ouvre son propre salon dans une résidence pour personnes âgées et sa clientèle devient comme sa deuxième famille. Elle s’y plaît et les affaires vont bien.
Quand tout bascule…
Mars 2020. Première vague. Le premier ministre annonce la fermeture de l’accès aux résidences pour aînés et des commerces non essentiels. C’est avec regret que Gabrielle doit fermer son salon de coiffure. Étant donné que le Québec est sur « pause », Gabrielle et son conjoint décident de s’accorder des vacances et de profiter d’un séjour dans leur chalet. Étant tous deux des entrepreneurs, ce temps d’arrêt annuel ne fait pas partie de leurs habitudes.
À leur retour, tout est allé très vite.
Ce temps d’arrêt qui devait durer quelques semaines s’est étendu à des mois. Le conjoint de Gabrielle possède une entreprise d’impression 3D qui se spécialise dans les pièces d’avion. À la demande du gouvernement, l’entreprise a modifié ses procédés et s’est recyclée temporairement à la fabrication de visières médicales. Comme elle était en arrêt forcé, Gabrielle a tenu à aider son conjoint en effectuant l’assemblage des visières. Mais, étant seule à son poste, elle ne parvenait pas à assembler assez rapidement les visières et, par conséquent, le travail s’accumulait… Elle se questionnait : « Comment puis-je produire davantage? » C’est avec l’aide de son conjoint, ingénieur mécanique, qu’ils ont trouvé une méthode pour faciliter l’assemblage des visières. De plus, d’autres employés ont été embauchés pour augmenter la production.
Retrouver peu à peu ses repères et découvrir de nouveaux intérêts…
C’est confronté à de nouveaux défis que Gabrielle s’est découverte des intérêts qui lui étaient inconnus jusqu’à maintenant : l’amélioration continue et la gestion de production et d’équipe. La découverte de ces intérêts a ainsi fait naître en elle l’idée d’effectuer un retour aux études, mais quelle formation saurait répondre à ses ambitions? C’est alors que son conjoint lui soumit l’idée d’une formation en génie industriel. Entre temps, elle avait recommencé à opérer son salon de coiffure. Mais au mois d’août 2020, le premier ministre annonçait à nouveau une fermeture des services non essentiels.
Ce sera cette annonce qui mènera Gabrielle à prendre une décision difficile : fermer définitivement son salon de coiffure et quitter sa clientèle. Ayant entamé ses recherches, une cohorte démarrait en octobre 2020 au Cégep de Granby. Comme quoi la vie peut être très bien faite, parfois!
C’est quoi d’étudier en Génie industriel?
En discutant avec Gabrielle, on s’aperçoit qu’il y a tout un éventail de possibilités autour de cette profession. Essentiellement, une technicienne en génie industriel travaille à trouver des façons d’améliorer les procédés dans une entreprise et faire en sorte d’accroître la production en utilisant de nouveaux moyens ou en adoptant de nouvelles façons de faire. En effet, lors de son premier stage en entreprise, Gabrielle a contribué à améliorer les postes de travail des employés pour que la production soit plus rapide et plus rentable et à aider à uniformiser les procédures d’un employé à l’autre.
Ce qui est intéressant pour un futur étudiant, c’est de savoir qu’un technicien peut avoir plusieurs mandats et intervenir dans les diverses sphères de la production d’un produit ou d’un service à l’intérieur d’une entreprise. Il peut intervenir sur le terrain pour améliorer la production et trouver des pistes d’amélioration des matériaux pour qu’ils soient durables et des machines pour augmenter la rapidité d’exécution.
Voici un exemple concret, tiré de son expérience avec les visières médicales : « Au début, je prenais une vingtaine de secondes pour assembler une visière qui comprends trois éléments : la visière transparente, l’élastique et le bandeau. Mais comment faire pour réduire mon temps d’assemblage? La première étape a été de rapprocher les éléments de façon à les avoir à portée de main. En éliminant les déplacements inutiles, j’ai réduit le temps gaspillé et j’ai ainsi amélioré ma méthode de travail, réduisant mon délai de production à une quinzaine de secondes. » Cela peut paraître anodin, mais au bout d’une journée, c’est du temps de gagné et conséquemment c’est une augmentation de la production.
Est-ce seulement un travail en usine?
« Non! », répond Gabrielle sans hésitation! « C’est ce que l’on pourrait penser, mais prenons le temps de regarder autour de nous, dans les chaînes de restauration rapide, par exemple. Pour que le service soit si rapide, il faut faire de l’amélioration continue. Sinon, comment serait-il possible au service à l’auto d’obtenir notre achat en quelques minutes entre la borne de commande et la station de paiement? »
L’amélioration continue peut se faire dans tous les milieux : les usines, la restauration, les bureaux de travail, les hôpitaux, etc.
Ce qu’elle aime le plus?
Les défis. Comme technicienne en Génie industriel, les défis sont constants puisqu’elle peut être confrontée à divers problèmes auxquels ils doivent trouver des solutions. Il y a toujours moyen de s’améliorer. Gabrielle donne l’exemple des puits de ravitaillement en Formule 1. « Les arrêts aux puits sont soumis à l’amélioration continue et plus précisément à la méthode SMED. » Cette méthode signifie d’évaluer comment l’employé peut se préparer pendant que la machine fonctionne afin que lorsqu’elle s’arrête, il puisse être prêt à la repartir rapidement.
Un milieu d’hommes?
Oui, c’est un milieu constitué essentiellement d’hommes et Gabrielle est la seule fille dans la cohorte présentement, mais cela ne doit pas être considéré comme un frein ou un obstacle. Au contraire, si la personne a une capacité d’adaptation, il n’y a pas de problème.
C’est pourquoi elle encourage d’autres filles à s’inscrire. « Si ça peut contribuer à déconstruire le mythe qu’il n’y a que des hommes dans le domaine! » Toutes les filles qu’elle a rencontrées lors de ses visites d’entreprises et ses stages d’études sont fières de ce qu’elles accomplissent. C’est certain qu’en 2022, il y a plus d’ouverture qu’avant et les milieux de travail ne sont plus exclusivement masculins.
Pourquoi s’inscrire en Génie industriel?
La formation de 24 mois offre un équilibre intéressant entre la pratique (manipulation de machines) et la théorie. De plus, au courant de la formation, les étudiantes et les étudiants ont la chance de réaliser plusieurs visites en entreprise pour explorer les différents milieux accessibles.
C’est un programme qui permet l’acquisition d’un large éventail de compétences permettant d’œuvrer dans diverses entreprises. Par exemple, d’améliorer les programmes de santé et de sécurité au travail, d’améliorer la qualité des produits et de la planification, de diriger la production des changements et de participer au développement des ressources humaines liées à la production, entre autres.
De plus, les perspectives d’emploi sont grandes dans le domaine et le taux de placement est très bon dans la région.
Après la formation…
Gabrielle terminera sa formation en octobre 2022 son avenir se dessine déjà à l’horizon… Elle sait exactement à quel endroit elle souhaite travailler, soit l’entreprise qui l’avait accueilli lors de son premier stage. « Dans l’entreprise, je contribue à améliorer les conditions de travail des employés de l’usine. C’est très valorisant et c’est ce qui m’allume le plus. J’obtiens une reconnaissance et les résultats sont concrets. »