La diversité corporelle sous tous ses angles de Mélody Dupuis inspire… 6 mai 2022
Le 6 mai est la Journée internationale sans diète, qui est soulignée dans plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Australie et la Norvège. Au Québec, le thème de la journée est Place à la diversité corporelle cette année. Son objectif : inciter les femmes à adopter un style de vie sain, peu importe leur poids, et questionner les modèles de beauté actuels.
En effet, l’apparence physique est souvent représentée de manière stéréotypée au cinéma, en publicité, en mode et sur les réseaux sociaux, par des images de perfection irréaliste. Les corps minces, musclés et lisses encouragent des standards inatteignables, qui peuvent affecter l’estime de soi. Ces images, retouchées grâce à des logiciels, tendent à promouvoir un modèle unique de beauté qui entraîne souvent des doutes et des insatisfactions.
Au cours de la dernière décennie, des initiatives québécoises ont voulu remettre en cause ces modèles et célébrer la différence. Le court-métrage La diversité corporelle sous tous ses angles de Mélody Dupuis, étudiante au Cégep de Granby en Soins infirmiers, offre une perspective originale sur le sujet en réunissant six jeunes femmes qui témoignent de leurs difficultés quant à l’image qu’elles croient projeter. Il ne s’agit pas de vedettes ou d’influenceuses, d’artistes ou de personnalités connues qui racontent leurs histoires, mais de personnes qui se livrent avec authenticité : « C’est un privilège, pour moi, que les filles se soient livrées. C’est comme un secret qu’elles m’ont confié. », précise la réalisatrice.
« Être humain, ce n’est pas être parfait. »
Pendant six mois, dans un va-et-vient constant entre ses études en Soins infirmiers et son travail à l’Hôpital de Granby, Mélody Dupuis a réalisé ce projet passionnant. Elle a pris sa caméra, son trépied et un tabouret pour créer une œuvre de sensibilisation percutante.
Dans son court-métrage, Mélody offre à des femmes ordinaires et courageuses, l’occasion de partager ce qui leur cause de la souffrance : taches de rousseur, poids, ethnicité, rousseur, troubles alimentaires et eczéma. « La réalité, c’est que je ne suis pas la seule à me mettre beaucoup de pression sur les épaules », explique-t-elle, en enjoignant les autres à célébrer leur apparence physique. En effet, la société et les médias mettent à l’avant-scène une image de perfection qui peut amener des complexes et même, causer de l’anxiété : « C’est en parlant de nos différences et en osant les partager avec d’autres, qu’on se rend compte qu’on est tous humains. Être humain, ce n’est pas être parfait. Être humain, c’est être vulnérable, incertain et imparfait. »
Son œuvre vise à ébranler les standards de la société et contribuer à la confiance en soi. Il ne sert à rien d’envier l’apparence des autres, car on ne sait pas ce que vivent ceux et celles qui nous entourent, leurs obstacles, leurs difficultés et leurs défis. Comme en témoigne une internaute : « Chaque personne est unique et belle. Pas évident de s’accepter et de s’aimer dans la société où l’on vit. C’est une bataille de tous les jours, mais une fois gagnée, vous vivrez pour vous et non pour les autres. »
Réaction vive et instantanée
Grâce aux réseaux sociaux, le film a suscité des émotions et des larmes, plusieurs se sont reconnus dans les difficultés évoquées (poids, trouble alimentaire, apparence physique), d’autres avaient des frissons et remettaient en cause leurs comportements. Une influenceuse a même partagé le film à ses abonnés sur Instagram : les visionnements ont alors explosé à plus de 27 000 !
Dès sa parution, des personnes se sont reconnues et les témoignages ont afflué : « Étant rousse, avec un corps qui ne fait pas partie des standards, j’apprécie cette vidéo. Je comprends qu’on n’est pas seul, et ça fait du bien. C’est triste que l’on doive vivre avec des jugements. » Le message de sensibilisation à la différence a su toucher une corde sensible et l’initiative a été unanimement saluée : « C’est touchant, honnête, vulnérable et nécessaire. Je suis tellement fière de toutes les femmes dans cette vidéo. Merci infiniment de votre partage, vous êtes précieuses et uniques ». Si certaines personnes ont pleuré en voyant le film, d’autres ont été émues par les prises de parole authentiques, par la poésie et la douceur qui en émane.
Le projet a une portée éducative, puisqu’il montre la réalité à laquelle les jeunes sont confrontés : les standards de beauté, l’intimidation, les réseaux sociaux. Les paroles de l’autre, qu’elles soient dites ou écrites, peuvent blesser, heurter, questionner, détruire. Comme l’explique une internaute : « J’ai vécu beaucoup d’intimidation au secondaire en lien avec mon corps. On me traitait d’anorexique, de planche de bois, on me disait de manger plus de malbouffe, etc. ». Le film se veut un hymne à la différence : il se présente comme l’antithèse des propos désobligeants sur nos corps que l’on entend partout. En fait, le projet honore celles qui ont osé prendre la parole.
Voilà pourquoi Mélody souhaite continuer à présenter des témoignages sur des sujets d’actualité qui touchent les jeunes, toujours en interviewant ceux et celles qui les vivent. « À l’avenir, je souhaite réaliser un ou deux films par année et aborder différents sujets : le deuil, la maladie, l’anxiété de performance, la discrimination que vit la communauté LGBTQ+. Les commentaires que j’ai reçus m’invitent à poursuivre ma lancée. »