C’est une grande étape dans la vie de Léa Malhaire, 19 ans. Étudiante en Sciences humaines au Cégep de Granby, elle vient tout juste de lancer son premier album instrumental, sobrement intitulé Après toutes ces années. Un titre qui dit tout : l’attente, le travail, les heures passées au piano depuis l’enfance… et le courage de dévoiler enfin sa musique au grand jour.

Le piano, une histoire d’amour qui remonte loin

Léa a commencé le piano à 7 ans, a composé sa première pièce à 9 ans, et depuis, elle n’a jamais arrêté. La musique est partout dans sa vie. Pas dans des partitions soigneusement classées, non. Dans son cellulaire, sur l’application Dictaphone. Des centaines d’heures d’enregistrements spontanés, faits tard le soir, souvent vers 22 h, quand l’inspiration surgit sans prévenir. « Je ne force jamais une composition. C’est souvent dans les moments très forts — de joie ou de peine — que tout sort d’un coup », confie-t-elle.

C’est sa mère qui l’a initiée très tôt à la musique, dans un atelier d’éveil musical. Depuis, elle n’a jamais décroché. Sa professeure de musique, elle, lui a dit un jour : « Je t’ai déjà tout enseigné. » Depuis, Léa continue seule. Elle apprend, elle découvre, elle affine son style. Autodidacte, mais pas isolée.

Après toutes ces années : un album né d’un parcours intérieur

Les pièces de l’album ont été composées sur plusieurs années, au fil des émotions et des phases de sa vie. Une en particulier est née pour un moment bien précis : Pour toi Lucas, dédiée à son premier amour. D’autres sont venues d’erreurs heureuses — une mauvaise lecture de partition qui sonnait trop bien pour être corrigée.

L’album, elle aurait pu le sortir plus tôt. Mais il manquait le temps, l’encadrement, les moyens. Les enregistrements sont faits depuis un an, mais les arrangements ont été plus longs à faire, peaufinés avec soin par Charles-André Lauzon, enseignant en musique au Collège Mont-Sacré-Cœur. C’est un projet fait à petite échelle, mais avec un immense cœur.

Pas besoin de grande scène pour faire de la grande musique

Avant même d’être étudiante ici, Léa a joué du piano au cégep lors de l’entracte de la Soirée prose poésie Aline Poulin, pendant que son frère animait. Elle a participé à Cégeps en spectacle, monté son propre concert dans le cadre des Journées de la culture à Dunham et donne des prestations dans sa région, parfois dans des résidences pour aînés, parfois dans des événements municipaux. Récemment, elle a été engagée pour jouer de la musique d’ambiance à Shefford — ce qui l’a remise à la pratique plus régulière.

« Le piano, c’est comme une drogue douce. Quand j’ai besoin de me recentrer, j’y retourne. C’est plus fort que moi », dit-elle.

Une étudiante… qui compose son avenir

Inscrite en Sciences humaines, Léa se destinait d’abord à des études en droit et relations internationales. Mais tout a changé. Elle avait besoin d’un cadre plus souple, où elle pourrait respirer, s’exprimer, rester proche de son identité créative. L’an prochain, elle déménage à Montréal pour poursuivre ses études en communications humaines et organisationnelles à l’UQAM.

La musique? Elle n’est pas certaine de la place qu’elle prendra dans sa vie professionnelle. Mais une chose est sûre : elle ne l’abandonnera jamais. « C’est ancré en moi. Même si ce n’est pas mon métier, ce sera toujours une partie de moi. »

Écouter Léa Malhaire, c’est entrer dans un monde intérieur tout en nuances. C’est découvrir une jeune artiste sincère et passionnée — et surtout, incroyablement talentueuse.